n°10 / Deuxième livre de Samuel 14 :
1Joab, fils de Ceruya, reconnut que le cœur du roi se tournait vers Absalom.
2Alors Joab envoya chercher à Teqoa une femme avisée et lui dit : « Je t’en prie, feins d’être en deuil, mets des habits de deuil, ne te parfume pas, sois comme une femme qui, depuis bien des jours, porte le deuil d’un mort.
3Tu iras chez le roi et tu lui tiendras ce discours. » Joab lui mit dans la bouche les paroles qu’il fallait.
4La femme de Teqoa alla donc chez le roi, elle tomba la face contre terre et se prosterna, puis elle dit : « Au secours, ô roi ! »
5Le roi lui demanda : « Qu’as-tu ? » Elle répondit : « Hélas ! je suis veuve. Mon mari est mort
6et ta servante avait deux fils. Il se sont querellés ensemble dans la campagne, il n’y avait personne pour les séparer, l’un a frappé l’autre et l’a tué.
7Voilà que tout le clan s’est dressé contre ta servante et dit : Livre le fratricide : nous le mettrons à mort pour prix de la vie de son frère qu’il a tué, et nous détruirons en même temps l’héritier. Ils vont ainsi éteindre la braise qui me reste, pour ne plus laisser à mon mari ni nom ni survivant sur la face de la terre. »
8Le roi dit à la femme : « Va à ta maison, je donnerai moi-même des ordres à ton sujet. »
9La femme de Teqoa dit au roi : « Monseigneur le roi ! Que la faute retombe sur moi et sur ma famille ; le roi et son trône en sont innocents. »
10Le roi reprit : « Celui qui t’a menacée, amène-le moi et il ne reviendra plus te faire du mal. »
11Elle dit : « Que le roi daigne prononcer le nom de Yahvé ton Dieu, afin que le vengeur du sang n’augmente pas la ruine et ne fasse pas périr mon fils ! » Il dit alors : « Aussi vrai que Yahvé est vivant, il ne tombera pas à terre un seul cheveu de ton fils ! »
12La femme reprit : « Qu’il soit permis à ta servante de dire un mot à Monseigneur le roi », et il répondit : « Parle. »
13La femme dit : « Et alors, pourquoi le roi - en prononçant cette sentence, il se reconnaît coupable - a-t-il eu contre le peuple de Dieu cette pensée de ne pas faire revenir celui qu’il a banni ?
14Nous sommes mortels et comme les eaux qui s’écoulent à terre et qu’on ne peut recueillir, et Dieu ne relève pas un cadavre : que le roi fasse donc des plans pour que le banni ne reste pas exilé loin de lui.
15« Maintenant, si je suis venue parler de cette affaire à Monseigneur le roi, c’est que les gens m’ont fait peur et ta servante s’est dit : Je parlerai au roi et peut-être le roi exécutera-t-il la parole de sa servante.
16Car le roi consentira à délivrer sa servante des mains de l’homme qui cherche à nous retrancher, moi et mon fils ensemble, de l’héritage de Dieu.
17Ta servante a dit : Puisse la parole de Monseigneur le roi donner l’apaisement. Car Monseigneur le roi est comme l’Ange de Dieu pour saisir le bien et le mal. Que Yahvé ton Dieu soit avec toi ! »
18Alors le roi, prenant la parole, dit à la femme : « Je t’en prie, ne te dérobe pas à la question que je vais te poser. » La femme répondit : « Que Monseigneur le roi parle ! »
19Le roi demanda : « La main de Joab n’est-elle pas avec toi en tout cela ? » La femme répliqua : « Aussi vrai que tu es vivant, Monseigneur le roi, on ne peut pas aller à droite ni à gauche de tout ce qu’a dit Monseigneur le roi : oui, c’est ton serviteur Joab qui m’a donné l’ordre, c’est lui qui a mis toutes ces paroles dans la bouche de ta servante.
20C’est pour déguiser l’affaire que ton serviteur Joab a agi ainsi, mais Monseigneur a la sagesse de l’Ange de Dieu, il sait tout ce qui se passe sur la terre. »
21Le roi dit alors à Joab : « Eh bien, je fais la chose : Va, ramène le jeune homme Absalom. »
22Joab tomba la face contre terre, il se prosterna et bénit le roi. Puis Joab dit : « Ton serviteur sait aujourd’hui qu’il a trouvé grâce à tes yeux, Monseigneur le roi, puisque le roi a exécuté la parole de son serviteur. »
23Joab se mit en route, il alla à Geshur et ramena Absalom à Jérusalem.
24Cependant le roi dit : « Qu’il se retire dans sa maison, il ne sera pas reçu par moi. » Absalom se retira dans sa maison et ne fut pas reçu par le roi.
25Dans tout Israël, il n’y avait personne d’aussi beau qu’Absalom, à qui on pût faire tant d’éloges : de la plante des pieds au sommet de la tête, il était sans défaut.
26Lorsqu’il se rasait la tête - il se rasait chaque année parce que c’était trop lourd, alors il se rasait -, il pesait sa chevelure : soit 200 sicles, poids du roi.
27Il naquit à Absalom trois fils et une fille, qui se nommait Tamar ; c’était une belle femme.
28Absalom demeura deux ans à Jérusalem, sans être reçu par le roi.
29Absalom convoqua Joab pour l’envoyer chez le roi, mais Joab ne consentit pas à venir chez lui, il le convoqua encore une seconde fois, mais il ne consentit pas à venir.
30Absalom dit à ses serviteurs : « Voyez le champ de Joab qui est à côté du mien et où il y a de l’orge, allez-y mettre le feu. » Les serviteurs d’Absalom mirent le feu au champ.
31Joab vint trouver Absalom dans sa maison et lui dit : « Pourquoi tes serviteurs ont-il mis le feu au champ qui m’appartient ? »
32Absalom répondit à Joab : « Voilà ce que je t’avais fait dire : Viens ici, je veux t’envoyer auprès du roi avec ce message : Pourquoi suis-je revenu de Geshur ? Il vaudrait mieux pour moi y être encore. Je veux maintenant être reçu par le roi et, si je suis coupable, qu’il me mettre à mort ! »
33Joab se rendit près du roi et lui rapporta ces paroles. Puis il appela Absalom. Celui-ci alla chez le roi, se prosterna devant lui et se jeta la face contre terre devant le roi. Et le roi embrassa Absalom.