n°42 / L'Évangile selon saint Luc 16 :
1Il disait encore à ses disciples : « Il était un homme riche qui avait un intendant, et celui-ci lui fut dénoncé comme dilapidant ses biens.
2Il le fit appeler et lui dit : Qu’est-ce que j’entends dire de toi ? Rends compte de ta gestion, car tu ne peux plus gérer mes biens désormais.
3L’intendant se dit en lui-même : Que vais-je faire, puisque mon maître me retire la gérance ? Piocher ? Je n’en ai pas la force ; mendier ? J’aurai honte. . .
4Ah ! je sais ce que je vais faire, pour qu’une fois relevé de ma gérance, il y en ait qui m’accueillent chez eux.
5« Et, faisant venir un à un les débiteurs de son maître, il dit au premier : Combien dois-tu à mon maître ? -
6Cent barils d’huile, lui dit-il. Il lui dit : Prends ton billet, assieds-toi et écris vite 50.
7Puis il dit à un autre : Et toi, combien dois-tu ? - Cent mesures de blé, dit-il. Il lui dit : Prends ton billet, et écris 80.
8« Et le maître loua cet intendant malhonnête d’avoir agi de façon avisée. Car les fils de ce monde-ci sont plus avisés envers leurs propres congénères que les fils de la lumière.
9« Eh bien ! moi je vous dis : faites-vous des amis avec le malhonnête Argent, afin qu’au jour où il viendra à manquer, ceux-ci vous accueillent dans les tentes éternelles.
10Qui est fidèle en très peu de chose est fidèle aussi en beaucoup, et qui est malhonnête en très peu est malhonnête aussi en beaucoup.
11Si donc vous ne vous êtes pas montrés fidèles pour le malhonnête Argent, qui vous confiera le vrai bien ?
12Et si vous ne vous êtes pas montrés fidèles pour le bien étranger, qui vous donnera le vôtre ?
13« Nul serviteur ne peut servir deux maîtres : ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent. »
14Les Pharisiens, qui sont amis de l’argent, entendaient tout cela et ils se moquaient de lui.
15Il leur dit : « Vous êtes, vous, ceux qui se donnent pour justes devant les hommes, mais Dieu connaît vos cœurs ; car ce qui est élevé pour les hommes est objet de dégoût devant Dieu.
16« Jusqu’à Jean ce furent la Loi et les Prophètes ; depuis lors le Royaume de Dieu est annoncé, et tous s’efforcent d’y entrer par violence.
17« Il est plus facile que le ciel et la terre passent que ne tombe un seul menu trait de la Loi.
18« Tout homme qui répudie sa femme et en épouse une autre commet un adultère, et celui qui épouse une femme répudiée par son mari commet un adultère.
19« Il y avait un homme riche qui se revêtait de pourpre et de lin fin et faisait chaque jour brillante chère.
20Et un pauvre, nommé Lazare, gisait près de son portail, tout couvert d’ulcères.
21Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche. . . Bien plus, les chiens eux-mêmes venaient lécher ses ulcères.
22Or il advint que le pauvre mourut et fut emporté par les anges dans le sein d’Abraham. Le riche aussi mourut, et on l’ensevelit.
23« Dans l’Hadès, en proie à des tortures, il lève les yeux et voit de loin Abraham, et Lazare en son sein.
24Alors il s’écria : Père Abraham, aie pitié de moi et envoie Lazare tremper dans l’eau le bout de son doigt pour me rafraîchir la langue, car je suis tourmenté dans cette flamme.
25Mais Abraham dit : Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et Lazare pareillement ses maux ; maintenant ici il est consolé, et toi, tu es tourmenté.
26Ce n’est pas tout : entre nous et vous un grand abîme a été fixé, afin que ceux qui voudraient passer d’ici chez vous ne le puissent, et qu’on ne traverse pas non plus de là-bas chez nous.
27« Il dit alors : Je te prie donc, père, d’envoyer Lazare dans la maison de mon père,
28car j’ai cinq frères ; qu’il leur porte son témoignage, de peur qu’ils ne viennent, eux aussi, dans ce lieu de la torture.
29Et Abraham de dire : Ils ont Moïse et les Prophètes ; qu’ils les écoutent. -
30Non, père Abraham, dit-il, mais si quelqu’un de chez les morts va les trouver, ils se repentiront.
31Mais il lui dit : Du moment qu’ils n’écoutent pas Moïse et les Prophètes, même si quelqu’un ressuscite d’entre les morts, ils ne seront pas convaincus. »