n°18 / Job 9 :
1Et Job prit la parole et dit :
2Vraiment, je sais qu’il en est ainsi. Comment le mortel serait-il juste devant Dieu ?
3Si l’on voulait contester avec lui, on ne répondrait pas sur un [point] entre mille.
4Il est sage de cœur et puissant en force ; qui lui a résisté et est demeuré en paix ?
5Il transporte les montagnes sans qu’elles sachent qu’il les bouleverse dans sa colère ;
6il fait mouvoir la terre hors de sa place, et ses colonnes sont ébranlées ;
7il commande au soleil et [le soleil] ne se lève pas ; il met un sceau sur les étoiles ;
8seul il étend les cieux, et il chemine sur les collines de la mer ;
9il a fait la Grande Ourse, Orion, et les Pléiades, et les profondeurs du sud.
10Il fait des choses si grandes qu’on ne peut les sonder, et tant de merveilles qu’elles sont sans nombre.
11Voici, il passera devant moi sans que je le voie, il glissera sans que je l’aperçoive.
12Voici, il ravira, et qui le fera retourner en arrière ? Qui lui dira : Que fais-tu ?
13Dieu ne révoque point sa colère ; sous lui se sont courbés les auxiliaires de Rahab.
14Ainsi donc, moi, je lui répondrais ; je choisirais mes paroles [pour plaider] avec lui !
15Quand je serais juste, je ne répondrais pas ; je demanderais grâce à mon juge.
16Si je l’appelais, et qu’il me répondît, je ne croirais point qu’il eût prêté l’oreille à ma voix ;
17lui qui me brise dans la tempête, et qui multiplie mes blessures sans cause ;
18qui ne me permet pas de reprendre haleine, mais qui me rassasie d’amertumes.
19S’agit-il de la force d’un puissant, [il dit] : « Me voici ! » S’agit-il de droit, [il dit] : « Qui m’assignera ? »
20Si je suis juste, ma bouche me déclarera méchant ; si je suis parfait ; il fera de moi un pervers.
21Si je suis parfait ! Je ne connais pas mon âme, je rejette ma vie.
22Tout revient au même ; c’est pourquoi j’ai dit : Il consume l’homme parfait aussi bien que le méchant.
23Quand une plaie fait mourir tout à coup, il se rit de la tentation des innocents.
24La terre est livrée en la main des méchants ; il y couvre la face des juges : si ce n’est pas [lui], qui est-ce donc ?
25Mes jours ont été plus rapides qu’un coureur ; ils ont fui et n’ont pas vu le bonheur ;
26ils ont passé rapides comme des nacelles de jonc, comme l’aigle qui fond sur sa proie.
27Si je dis : Je veux oublier ma plainte, je veux changer mon visage et me montrer serein ;
28je redoute toutes mes douleurs, je sais que tu ne me tiendras pas pour innocent ;
29je serai un méchant. Pourquoi donc me fatiguerais-je en vain ?
30Quand je me laverais dans l’eau de neige, et quand je nettoierais mes mains dans la pureté,
31alors tu me plongerais dans la fosse, et mes vêtements mêmes m’auraient en horreur.
32Car il n’est pas un homme comme moi pour que je lui réponde, pour que nous allions ensemble en jugement.
33Il n’y a pas entre nous un arbitre, qui mette sa main sur nous deux.
34Qu’il retire sa verge de dessus moi, et que sa terreur ne me trouble pas ;
35[alors] je parlerai et je ne le craindrai point ; car en moi-même je ne suis pas cela.