n°18 / Job 10 :
1« J’ai ma vie en horreur. Je veux donner libre cours à mes plaintes. Je veux parler dans ma détresse amère !
2Je dirai à Dieu : “Ne me déclare pas coupable. Dis-moi pourquoi tu me combats.
3Retires-tu un avantage à opprimer, à mépriser l’œuvre de tes mainstout en favorisant les projets des méchants ?
4As-tu des yeux de chair, ou vois-tu comme voit un mortel ?
5Tes jours sont-ils comme les jours des mortels, ou tes années comme les années d’un homme,
6pour que tu recherches ma fauteet que tu cherches sans cesse mon péché ?
7Tu sais que je ne suis pas coupable ; et personne ne peut me sauver de ta main.
8Tes mains m’ont façonné et m’ont fait, mais à présent tu es sur le point de me détruire complètement.
9Souviens-toi, s’il te plaît, que tu m’as fait d’argile ; mais à présent tu me fais retourner à la poussière.
10Ne m’as-tu pas versé comme du laitet fait cailler comme du fromage ?
11De peau et de chair tu m’as vêtu, et d’os et de tendons tu m’as tissé.
12Tu m’as donné vie et amour fidèle ; par tes soins tu as gardé mon esprit.
13Mais tu projetais secrètement de faire ces choses. Je sais que ces choses viennent de toi.
14Si je péchais, tu le verrais, et tu ne m’acquitterais pas de ma faute.
15Si je suis coupable, tant pis pour moi ! Et même si je suis innocent, je ne peux pas lever la tête, car je suis profondément honteux et accablé.
16Si je lève la tête, tu me chasses comme chasse un lion, et de nouveau tu manifestes ta puissance contre moi.
17Tu produis contre moi de nouveaux témoinset tu redoubles de colère contre moitandis que je subis épreuve sur épreuve.
18Pourquoi donc m’as-tu fait sortir du ventre de ma mère ? J’aurais dû mourir avant qu’un seul œil ne me voie.
19Cela aurait été comme si je n’avais jamais existé ; on m’aurait porté du ventre de ma mère à la tombe.”
20Mes jours ne sont-ils pas peu nombreux ? Que Dieu me laisse tranquille ; qu’il détourne ses yeux de moi pour que j’éprouve un peu de soulagement
21avant que je m’en aille — et je ne reviendrai pas —au pays des ténèbres les plus profondes,
22au pays de l’obscurité totale, au pays de l’ombre profonde et du désordre, où même la lumière est comme l’obscurité. »