n°18 / Job 24 :
1Comment les temps de la vengeance ne seraient-ils pas cachés aux méchants par le Tout-puissant, puisque ceuxmêmes qui le connaissent n’aperçoivent pas les jours de sa punition sur eux ?
2Ils reculent les bornes, ils pillent les bêtes du troupeau, et puis ils les font aller paître.
3Ils emmènent l’âne des orphelins, ils prennent pour gage le bœuf de la veuve.
4Ils font retirer les pauvres du chemin, et les misérables du pays sont contraints de se cacher.
5Voilà, il y en a qui sont comme des ânes sauvages dans le désert ; ils sortent pour faire leur ouvrage, se levant dès le matin pour la proie ; le désert leur fournit du pain pour leurs enfants.
6Ils vont couper le fourrage dans les champs, mais ce ne sera que fort tard qu’ils iront ravager la vigne du méchant.
7Ils font passer la nuit sans vêtement à ceux qu’ils ont dépouillés, et qui n’ont pas de quoi se couvrir durant le froid ;
8Qui sont tout mouillés par les grandes pluies des montagnes, et qui, n’ayant point de retraite, couchent dans les creux des rochers.
9Ils enlèvent le pupille à la mamelle, et prennent des gages du pauvre.
10Ils font aller sans habits l’homme qu’ils ont dépouillé ; et ils enlèvent à ceux qui n’avaient pas de quoi manger, ce qu’ils avaient glané.
11Ceux qui font l’huile entre leurs murailles, et ceux qui foulent la vendange dans les cuves souffrent la soif.
12Ils font gémir les gens dans la ville, et l’âme de ceux qu’ils ont fait mourir, crie ; et cependant Dieu ne fait rien d’indigne de lui.
13Ils sont de ceux qui l’opposent à la lumière, ils n’ont point connu ses voies, et ne sont point demeurés dans ses sentiers.
14Le meurtrier se lève au point du jour, et il tue le pauvre et l’indigent, et la nuit il est tel qu’un larron.
15L’œil de l’adultère épie le soir, en disant : Aucun œil ne me verra ; et il se couvre le visage.
16Ils percent durant les ténèbres les maisons qu’ils avaient marquées le jour, ils haïssent la lumière.
17Car la lumière du matin leur est à tous comme l’ombre de la mort ; si quelqu’un les reconnaît, c’est pour eux une frayeur mortelle.
18Il passera plus vite que la surface des eaux ; leur portion sera maudite sur la terre ; il ne verra point le chemin des vignes.
19Comme la sécheresse et la chaleur consument les eaux de neige, ainsi le sépulcre ravira les pécheurs.
20Le ventre qui l’a porté l’oubliera ; les vers mangeront son corps qui lui a été si cher ; on ne se souviendra plus de lui ; l’injuste sera brisé comme du bois.
21Il maltraitait la femme stérile qui n’enfantait point ; et il ne faisait point de bien à la veuve ;
22Et il s’attirait les puissants par sa force ; lorsqu’il se levait, on n’était pas assuré de sa vie.
23Dieu lui donne de quoi s’assurer, et il s’appuie sur cela ; toutefois ses yeux prennent garde à leurs voies.
24Ils sont élevés en peu de temps, et ensuite ils ne sont plus ; ils sont abaissés, ils sont emportés comme tous les autres, et sont coupés comme le bout d’un épi.
25Si cela n’est pas ainsi, qui est-ce qui me convaincra que je mens, et qui réfutera mes discours ?