Traduction par Louis-Issac Lemaistre de Saci, édition de 1855, libre de droits.
n°22 / Cantique des cantiques de Salomon. 5 :
L’ÉPOUSE.
1QUE mon bien-aimé vienne dans son jardin, et qu’il mange du fruit de ses arbres. L’ÉPOUX.Je suis venu dans mon jardin, ma soeur, mon épouse : j’ai recueilli ma myrrhe avec mes parfums ; j’ai mangé le rayon avec mon miel ; j’ai bu mon vin avec mon lait. Mangez, mes amis, et buvez ; enivrez-vous, vous qui êtes mes très-chers amis.L’ÉPOUSE.
2Je dors, et mon coeur veille : j’entends la voix de mon bien-aimé qui frappe à ma porte, disant : Ouvrez-moi, ma soeur, ma bien-aimée, ma colombe, vous qui êtes mon épouse sans tache ; parce que ma tête est toute chargée de la rosée du soir, et mes cheveux des gouttes d’eau qui tombent pendant la nuit.3Je me suis dépouillée de ma robe ; comment la revêtirai-je ? J’ai lavé mes pieds ; comment pourrai-je les salir de nouveau ?4Mon bien-aimé passa sa main par l’ouverture de la porte, et mes entrailles furent émues au bruit qu’il fit.5Je me levai alors pour ouvrir à mon bien-aimé : mes mains étaient toutes dégouttantes de myrrhe, et mes doigts étaient pleins de la myrrhe la plus précieuse.6J’ouvris ma porte à mon bien-aimé, en ayant tiré le verrou ; mais il s’en était déjà allé, et il avait passé ailleurs. Mon âme s’était comme fondue au son de sa voix : je le cherchai, et je ne le trouvai point ; je l’appelai, et il ne me répondit point.7Les gardes qui font la ronde par la ville, m’ont rencontrée : ils m’ont frappée et blessée. Ceux qui gardent les murailles, m’ont ôté mon manteau.8Je vous conjure, ô filles de Jérusalem ! si vous trouvez mon bien-aimé, de lui dire, que je languis d’amour.LES COMPAGNES DE L’ÉPOUSE.
9Quel est celui que vous appelez votre bien-aimé entre tous les bien-aimés, ô la plus belle d’entre les femmes ? Quel est votre bien-aimé entre tous les autres, au sujet duquel vous nous avez conjurées de cette sorte ?L’ÉPOUSE.
10Mon bien-aimé éclate par sa blancheur et par sa rougeur : il est choisi entre mille.11Sa tête est comme un or très-pur ; ses cheveux sont comme les jeunes rameaux des palmiers, et ils sont noirs comme un corbeau.12Ses yeux sont comme les colombes qu’on voit auprès des ruisseaux, qui ont été comme lavées dans du lait, et qui se tiennent sur le bord d’un grand courant d’eaux.13Ses joues sont comme de petits parterres de plantes aromatiques, qui ont été plantées par les parfumeurs ; ses lèvres sont comme des lis qui distillent la myrrhe la plus pure.14Ses mains sont comme si elles étaient d’or et faites au tour, et elles sont pleines d’hyacinthes ; sa poitrine est comme d’un ivoire enrichi de saphirs.15Ses jambes sont comme des colonnes de marbre posées sur des bases d’or. Sa figure est comme celle du mont Liban, et il se distingue entre les autres, comme les cèdres parmi tous les arbres.16Le son de sa voix a une admirable douceur ; et enfin il est tout aimable. Tel est donc mon bien-aimé, tel est celui que j’aime, ô filles de Jérusalem !LES COMPAGNES DE L’ÉPOUSE.
17Où est allée votre bien-aimé, ô la plus belle d’entre les femmes ? Où s’est retiré votre bien-aimé ? et nous irons le chercher avec vous.