n°12 / Rois. Livre quatrième. 5 :
1NAAMAN, général de l’armée du roi de Syrie, était un homme puissant et en grand honneur auprès du roi, son maître, parce que le Seigneur avait sauvé par lui la Syrie. Il était vaillant et riche, mais lépreux.
2Or quelques brigands étant sortis de Syrie, avaient emmené captive une petite fille du pays d’Israël, qui fut depuis mise au service de la femme de Naaman.
3Cette fille dit à sa maîtresse : Plût à Dieu que mon seigneur eût été trouver le prophète qui est à Samarie. Il l’aurait sans doute guéri de sa lèpre.
4Sur cela Naaman vint trouver son maître, et lui dit : Une fille d’Israël a dit telle et telle chose.
5Le roi de Syrie lui répondit : Allez, j’écrirai pour vous au roi d’Israël. Il partit donc de Syrie ; il prit avec lui dix talents d’argent, six mille écus d’or, et dix habillements neufs,
6et porta au roi d’Israël la lettre du roi de Syrie, qui était conçue en ces termes : Lorsque vous aurez reçu cette lettre, vous saurez que je vous ai envoyé Naaman, mon serviteur, afin que vous le guérissiez de sa lèpre.
7Le roi d’Israël ayant reçu cette lettre, déchira ses vêtements, et dit : Suis-je un Dieu pour pouvoir ôter et rendre la vie ? Pourquoi m’envoyer ainsi un homme, afin que je le guérisse de sa lèpre ? Vous voyez que ce prince ne cherche qu’une occasion pour rompre avec moi.
8Elisée, homme de Dieu, ayant appris que le roi d’Israël avait déchiré ainsi ses vêtements, lui envoya dire : Pourquoi avez-vous déchiré vos vêtements ? Que cet homme vienne à moi, et qu’il sache qu’il y a un prophète dans Israël.
9Naaman vint donc avec ses chevaux et ses chariots, et se tint à la porte de la maison d’Elisée.
10Et Elisée lui envoya une personne pour lui dire : Allez vous laver sept fois dans le Jourdain, et votre chair sera guérie et deviendra nette.
11Naaman tout fâché commençait à se retirer, en disant : Je croyais qu’il viendrait me trouver, et que se tenant debout, il invoquerait le nom du Seigneur, son Dieu, qu’il toucherait de sa main ma lèpre, et qu’il me guérirait.
12N’avons-nous pas à Damas les fleuves d’Abana et de Pharphar, qui sont meilleurs que tous ceux d’Israël, pour m’y laver, et me rendre le corps net ? Comme donc il avait déjà tourné le visage, et qu’il s’en allait tout indigné,
13ses serviteurs s’approchèrent de lui, et lui dirent : Père, quand le prophète vous aurait ordonné quelque chose de bien difficile, vous auriez dû néanmoins le faire : combien donc devez-vous plutôt lui obéir, lorsqu’il vous a dit : Allez vous laver, et vous deviendrez net !
14Il s’en alla donc, et se lava sept fois dans le Jourdain, selon que l’homme de Dieu lui avait ordonné ; et sa chair devint comme la chair d’un petit enfant, et il fut guéri de sa lèpre.
15Après cela il retourna avec toute sa suite pour voir l’homme de Dieu, et il vint se présenter devant lui, et lui dit : Je sais certainement qu’il n’y a point d’autre Dieu dans toute la terre que celui qui est dans Israël. Je vous conjure donc de recevoir ce que votre serviteur vous offre.
16Elisée lui répondit : Vive le Seigneur devant lequel je suis présentement ! je ne recevrai rien de vous. Et quelque instance que fît Naaman, il ne voulut jamais se rendre.
17Naaman lui dit donc : Il faut faire ce que vous voulez ; mais je vous conjure de me permettre d’emporter la charge de deux mulets de la terre de ce pays. Car à l’avenir votre serviteur n’offrira plus d’holocaustes ou de victimes aux dieux étrangers ; mais il ne sacrifiera qu’au Seigneur.
18Il n’y a qu’une chose pour laquelle je vous supplie de prier le Seigneur pour votre serviteur, qui est, que lorsque le roi, mon seigneur, entrera dans le temple de Remmon pour adorer en s’appuyant sur ma main, si j’adore dans le temple de Remmon, lorsqu’il y adorera lui-même, que le Seigneur me le pardonne.
19Elisée lui répondit : Allez en paix. Naaman se sépara ainsi de lui, et il avait déjà fait une lieue de chemin,
20lorsque Giézi qui servait l’homme de Dieu, dit en lui-même : Mon maître a épargné ce Naaman de Syrie, et n’a voulu rien prendre. Vive le Seigneur ! je courrai après lui, et j’en recevrai quelque chose.
21Giézi s’en alla donc après Naaman, et Naaman le voyant courir vers lui, descendit promptement de son chariot, vint au-devant de lui, et lui dit : Tout va-t-il bien ?
22Giézi lui répondit : Fort bien. Mon maître m’a envoyé vous dire, que deux jeunes hommes des enfants des prophètes lui sont arrivés tout à l’heure de la montagne d’Ephraïm. Il vous prie de me donner pour eux un talent d’argent et deux habits.
23Naaman lui dit : Il vaut mieux que je vous donne deux talents. Et il le contraignit de les recevoir ; et ayant mis les deux talents d’argent et les deux habits dans deux sacs qu’il lia, il en chargea deux de ses serviteurs qui les portèrent devant Giézi.
24Le soir étant venu, il les prit de leurs mains et les serra dans sa maison, et renvoya ces gens qui s’en retournèrent.
25Giézi entra ensuite et vint se présenter devant son maître. Et Elisée lui dit : D’où venez-vous, Giézi ? Giézi lui répondit : Votre serviteur n’a été nulle part.
26Mais Elisée lui répondit : Mon coeur n’était-il pas présent avec vous, lorsque cet homme est descendu de son chariot pour aller au-devant de vous ? Maintenant donc vous avez reçu de l’argent et des habits pour acheter des plants d’oliviers, des vignes, des boeufs, des brebis, des serviteurs et des servantes.
27Mais aussi la lèpre de Naaman s’attachera à vous et à toute votre race pour jamais. Et Giézi se retira d’avec son maître tout couvert d’une lèpre blanche comme la neige.