n°42 / Évangile de saint Luc. 18 :
1IL leur dit aussi cette parabole, pour faire voir qu’il faut toujours prier, et ne point se lasser de le faire :
2Il y avait, dit-il, dans une certaine ville, un juge qui ne craignait point Dieu, et ne se souciait point des hommes ;
3et il y avait aussi, dans la même ville, une veuve qui venait souvent le trouver, en lui disant : Faites-moi justice de ma partie.
4Et il fut longtemps sans vouloir le faire ; mais enfin il dit en lui-même : Quoique je ne craigne point Dieu, et que je n’aie point de considération pour les hommes,
5néanmoins, parce que cette veuve m’importune, je lui ferai justice, de peur qu’à la fin elle ne vienne me faire quelque affront.
6Vous entendez, ajouta le Seigneur, ce que dit ce méchant juge ;
7et Dieu ne fera pas justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit, et il souffrira toujours qu’on les opprime ?
8Je vous déclare, qu’il leur fera justice dans peu de temps. Mais lorsque le Fils de l’homme viendra, pensez-vous qu’il trouve de la foi sur la terre ?
9Il dit aussi cette parabole à quelques-uns qui mettaient leur confiance en eux-mêmes comme étant justes, et qui méprisaient les autres :
10Deux hommes montèrent au temple pour prier : l’un était pharisien, et l’autre publicain.
11Le pharisien se tenant debout, priait ainsi en lui-même : Mon Dieu ! je vous rends grâces de ce que je ne suis point comme le reste des hommes, qui sont voleurs, injustes et adultères ; ni même comme ce publicain.
12Je jeûne deux fois la semaine ; je donne la dîme de tout ce que je possède.
13Le publicain, au contraire, se tenant éloigné, n’osait pas même lever les yeux au ciel ; mais il frappait sa poitrine, en disant : Mon Dieu ! ayez pitié de moi qui suis un pécheur.
14Je vous déclare que celui-ci s’en retourna chez lui justifié, et non pas l’autre : car quiconque s’élève, sera abaissé ; et quiconque s’abaisse, sera élevé.
15On lui présentait aussi de petits enfants, afin qu’il les touchât : ce que voyant ses disciples, ils les repoussaient avec des paroles rudes.
16Mais Jésus appelant à lui ces enfants, dit à ses disciples : Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez point : car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent.
17Je vous le dis en vérité : quiconque ne recevra point le royaume de Dieu comme un enfant, n’y entrera point.
18Un jeune homme de qualité lui ayant fait cette demande : Bon Maître ! que faut-il que je fasse pour acquérir la vie éternelle ?
19Jésus lui répondit : Pourquoi m’appelez-vous bon ? Il n’y a que Dieu seul qui soit bon.
20Vous savez les commandements : Vous ne tuerez point ; Vous ne commettrez point d’adultère ; Vous ne déroberez point ; Vous ne porterez point de faux témoignage ; Honorez votre père et votre mère.
21Il lui répondit : J’ai gardé tous ces commandements dès ma jeunesse.
22Ce que Jésus ayant entendu, il lui dit : Il vous manque encore une chose : vendez tout ce que vous avez, et le distribuez aux pauvres, et vous aurez un trésor dans le ciel ; puis venez, et me suivez.
23Mais lui, ayant entendu ceci, devint tout triste, parce qu’il était extrêmement riche.
24Et Jésus voyant qu’il était devenu triste, dit : Qu’il est difficile que ceux qui ont des richesses, entrent dans le royaume de Dieu !
25Il est plus aisé qu’un chameau passe par le trou d’une aiguille, que non pas qu’un riche entre dans le royaume de Dieu.
26Et ceux qui l’écoutaient, lui dirent : Qui peut donc être sauvé ?
27Il leur répondit : Ce qui est impossible aux hommes, est possible à Dieu.
28Alors Pierre lui dit : Pour nous, vous voyez que nous avons tout quitté, et que nous vous avons suivi.
29Jésus leur dit : Je vous le dis en vérité : personne ne quittera pour le royaume de Dieu, ou sa maison, ou son père et sa mère, ou ses frères, ou sa femme, ou ses enfants,
30qui ne reçoive dès ce monde beaucoup davantage, et dans le siècle à venir la vie éternelle.
31Ensuite Jésus prenant à part les douze apôtres, leur dit : Nous allons à Jérusalem ; et tout ce qui a été écrit par les prophètes, touchant le Fils de l’homme, va être accompli.
32Car il sera livré aux gentils : on se moquera de lui, on le fouettera, on lui crachera au visage ;
33et après qu’on l’aura fouetté, on le fera mourir, et il ressuscitera le troisième jour.
34Mais ils ne comprirent rien à tout cela : ce langage leur était caché, et ils n’entendaient point ce qu’il leur disait.
35Lorsqu’il était près de Jéricho, un aveugle se trouva assis le long du chemin, demandant l’aumône ;
36et comme il entendait le bruit du peuple qui passait, il s’enquit de ce que c’était.
37On lui répondit, que c’était Jésus de Nazareth qui passait.
38En même temps il se mit à crier : Jésus, Fils de David ! ayez pitié de moi.
39Et ceux qui allaient devant, le reprenaient rudement pour le faire taire ; mais il criait encore beaucoup plus fort : Fils de David ! ayez pitié de moi.
40Alors Jésus s’arrêta, et commanda qu’on le lui amenât. Et lorsqu’il se fut approché, il lui demanda :
41Que voulez-vous que je vous fasse ? L’aveugle répondit : Seigneur ! faites que je voie.
42Jésus lui dit : Voyez ; votre foi vous a sauvé.
43Il vit au même instant ; et il le suivait, rendant gloire à Dieu. Ce que tout le peuple ayant vu, il en loua Dieu.