n°18 / Job 31 :
1J’avais fait un pacte avec mes yeux, et je n’aurais pas arrêté mes regards sur une vierge.
2Quelle part Dieu m’eût-il réservée d’en haut ? Quel héritage le Tout Puissant m’eût-il envoyé des cieux ?
3La ruine n’est-elle pas pour le méchant, et le malheur pour ceux qui commettent l’iniquité ?
4Dieu n’a-t-il pas connu mes voies ? N’a-t-il pas compté tous mes pas ?
5Si j’ai marché dans le mensonge, si mon pied a couru vers la fraude,
6Que Dieu me pèse dans des balances justes, et il reconnaîtra mon intégrité !
7Si mon pas s’est détourné du droit chemin, si mon cœur a suivi mes yeux, si quelque souillure s’est attachée à mes mains,
8que je sème et qu’un autre moissonne, et que mes rejetons soient déracinés !
9Si mon cœur a été séduit par une femme, si j’ai fait le guet à la porte de mon prochain,
10que ma femme tourne la meule pour un autre, et que d’autres la déshonorent !
11Car c’est un crime, un forfait que punissent les juges ;
12c’est un feu qui dévore jusqu’à la ruine, et qui aurait détruit toute ma richesse.
13Si j’ai méprisé le droit de mon serviteur ou de ma servante lorsqu’ils étaient en contestation avec moi,
14qu’ai-je à faire, quand Dieu se lève ? Qu’ai-je à répondre, quand il châtie ?
15Celui qui m’a créé dans le ventre de ma mère ne l’a-t-il pas créé ? Le même Dieu ne nous a-t-il pas formés dans le sein maternel ?
16Si j’ai refusé aux pauvres ce qu’ils demandaient, si j’ai fait languir les yeux de la veuve,
17si j’ai mangé seul mon pain, sans que l’orphelin en ait eu sa part,
18moi qui l’ai dès ma jeunesse élevé comme un père, moi qui dès ma naissance ai soutenu la veuve ;
19si j’ai vu le malheureux manquer de vêtements, l’indigent n’avoir point de couverture,
20sans que ses reins m’aient béni, sans qu’il ait été réchauffé par la toison de mes agneaux ;
21si j’ai levé la main contre l’orphelin, parce que je me sentais un appui dans les juges ;
22que mon épaule se détache de sa jointure, que mon bras tombe et qu’il se brise !
23Car les châtiments de Dieu m’épouvantent, et je ne puis rien devant sa majesté.
24Si j’ai mis dans l’or ma confiance, si j’ai dit à l’or : Tu es mon espoir ;
25si je me suis réjoui de la grandeur de mes biens, de la quantité des richesses que j’avais acquises ;
26si j’ai regardé le soleil quand il brillait, la lune quand elle s’avançait majestueuse,
27et si mon cœur s’est laissé séduire en secret, si ma main s’est portée sur ma bouche ;
28c’est encore un crime que doivent punir les juges, et j’aurais renié le Dieu d’en haut !
29Si j’ai été joyeux du malheur de mon ennemi, si j’ai sauté d’allégresse quand les revers l’ont atteint,
30moi qui n’ai pas permis à ma langue de pécher, de demander sa mort avec imprécation ;
31Si les gens de ma tente ne disaient pas : Où est celui qui n’a pas été rassasié de sa viande ?
32Si l’étranger passait la nuit dehors, si je n’ouvrais pas ma porte au voyageur ;
33si, comme les hommes, j’ai caché mes transgressions, et renfermé mes iniquités dans mon sein,
34parce que j’avais peur de la multitude, parce que je craignais le mépris des familles, me tenant à l’écart et n’osant franchir ma porte...
35Oh ! qui me fera trouver quelqu’un qui m’écoute ? Voilà ma défense toute signée : Que le Tout Puissant me réponde ! Qui me donnera la plainte écrite par mon adversaire ?
36Je porterai son écrit sur mon épaule, je l’attacherai sur mon front comme une couronne ;
37je lui rendrai compte de tous mes pas, je m’approcherai de lui comme un prince.
38Si ma terre crie contre moi, et que ses sillons versent des larmes ;
39si j’en ai mangé le produit sans l’avoir payée, et que j’aie attristé l’âme de ses anciens maîtres ;
40qu’il y croisse des épines au lieu de froment, et de l’ivraie au lieu d’orge ! Fin des paroles de Job.