La sainte Bible

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Traduction revue par Jean-Frédéric Ostervald, édition de 1823, libre de droits.

n°10 / Le second livre de Samuël. 14 :

1Alors Joab fils de Tsérujah, connaissant que le cœur du roi se rapprochait d’Absçalom,
2Envoya à Tékoah, et fit venir de là une femme sage, à laquelle il dit : Je te prie, fais semblant d’être dans l’affliction, et prends maintenant des habits de deuil, et ne t’oins point d’huile de senteur ; mais sois comme une femme qui pleure un mort depuis long-temps ;
3Et entre vers le roi et tiens-lui ces discours. Et Joab lui mit dans la bouche ce qu’elle devait dire.
4La femme Tékohite donc parla au roi, et tomba sur son visage en terre, et se prosterna, et dit : O roi, aide-moi !
5Et le roi lui dit : Qu’as-tu ? Et elle répondit : Je suis une femme veuve, et mon mari est mort.
6Or, ta servante avait deux fils qui se sont querellés dans les champs, il n’y avait personne qui les séparât ; ainsi l’un a frappé l’autre, et l’a tué.
7Et voici, toute la famille s’est élevée contre ta servante, disant : Donne-nous celui qui a frappé son frère, afin que nous le fassions mourir, parce qu’il a ôté la vie à son frère, et afin que nous exterminions même l’héritier ; et ils veulent éteindre le charbon vif qui m’est demeuré, afin qu’ils ne laissent personne de reste sur la terre qui fasse revivre le nom de mon mari.
8Le roi dit à la femme : Va-t’en en ta maison, et je donnerai les ordres nécessaires pour toi.
9Alors la femme Tékohite dit au roi : Mon seigneur et mon roi, que l’iniquité soit sur moi et sur la maison de mon père, et que le roi et son trône en soient innocens !
10Et le roi répondit : Amène-moi celui qui parlera contre toi, et jamais il ne lui arrivera de te toucher.
11Et elle dit : Je te prie que le roi se souvienne de l’Eternel son Dieu, afin qu’il ne laisse point augmenter le nombre des garants du sang, pour perdre mon fils, et qu’on ne l’extermine point. Et il répondit : L’Eternel est vivant, si un seul des cheveux de ton fils tombe en terre.
12Et la femme dit : Je te prie, que ta servante dise un mot au roi mon seigneur ; et il répondit : Parle.
13Et la femme dit : Mais pourquoi as-tu pensé une chose toute semblable à celle-ci contre le peuple de Dieu ? et le roi, en tenant ce discours, ne se condamne-t-il pas lui-même comme coupable, en ce qu’il ne fait point retourner celui qu’il a banni ?
14Car, certainement nous mourrons, et nous sommes semblables aux eaux qui s’écoulent sur la terre et qu’on ne rassemble point. Or, Dieu ne lui a point ôté la vie, mais il a trouvé un moyen pour ne pas rejeter loin de lui celui qui a été rejeté.
15Et maintenant, je suis venue pour tenir ce discours au roi, mon seigneur, parce que le peuple m’a épouvantée. Et ta servante a dit : Je parlerai maintenant au roi ; peut-être que le roi fera ce que sa servante lui dira.
16Si donc le roi écoute sa servante, pour la délivrer de la main de celui qui veut nous exterminer de l’héritage de Dieu, et moi et mon fils ;
17Ta servante lui demande aussi, que maintenant la parole du roi, mon seigneur, nous apporte du repos ; car le roi, mon seigneur, est comme un ange de Dieu pour entendre le bien et le mal ; et que l’Eternel ton Dieu soit avec toi.
18Et le roi répondit à cette femme et lui dit : Je te prie, ne me cache rien de ce que je te vais demander. Et la femme dit : Je prie que le roi, mon seigneur, parle.
19Et le roi dit : N’est-ce pas Joab qui te fait faire tout ceci ? Et la femme répondit et dit : Ton âme vit, ô roi, mon seigneur, qu’on ne saurait se détourner ni à droite ni à gauche de tout ce que dit le roi, mon seigneur ; car c’est ton serviteur Joab qui me l’a commandé, et lui-même a mis dans la bouche de ta servante toutes ces paroles.
20Ton serviteur Joab m’a fait donner ce tour à mon discours. Mais mon seigneur est sage comme un ange de Dieu, pour savoir tout ce qui se passe dans le pays.
21Alors le roi dit à Joab : Voici maintenant, c’est toi qui as conduit cette affaire ; va-t’en donc, et fais revenir le jeune homme Absçalom.
22Alors Joab tomba sur son visage en terre, et se prosterna, et bénit le roi. Et Joab dit : Aujourd’hui ton serviteur a connu qu’il a trouvé grâce devant toi, ô roi, mon seigneur ; car le roi a fait ce que son serviteur lui demandait.
23Joab donc se leva et s’en alla à Guesçur, et il ramena Absçalom à Jérusalem.
24Et le roi dit : Qu’il se retire dans sa maison, et qu’il ne me voie point. Et Absçalom se retira dans sa maison, et il ne vit point le roi.
25Or, il n’y avait point d’homme dans tout Israël comme Absçalom, qu’on pût si fort louer pour sa beauté ; depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête il n’y avait point en lui de défaut.
26Et quand il faisait faire ses cheveux, (et il arrivait tous les ans qu’il les faisait faire, parce que ses cheveux lui chargeaient trop la tête, ) il pesait les cheveux de sa tête, et on trouvait qu’ils pesaient deux cents sicles, au poids de roi.
27Et il naquit trois fils à Absçalom et une fille nommée Tamar, et qui était une très-belle femme.
28Et Absçalom demeura à Jérusalem deux ans entiers sans voir le roi.
29C’est pourquoi Absçalom manda Joab pour l’envoyer vers le roi, et il ne voulut point venir vers lui. Il le manda encore pour la seconde fois, mais il ne voulut point venir.
30Alors il dit à ses serviteurs : Vous voyez là le champ de Joab qui est auprès du mien, où il y a de l’orge ; allez, mettez-y le feu. Et les serviteurs d’Absçalom brûlèrent ce champ-là.
31Alors Joab se leva et vint vers Absçalom dans sa maison, et lui dit : Pourquoi tes serviteurs ont-ils mis le feu à mon champ ?
32Et Absçalom répondit à Joab : Voici, je t’ai envoyé dire : Viens ici, et je t’enverrai vers le roi, et tu lui diras de ma part : Pourquoi suis-je venu de Guesçur ? Il vaudrait mieux que j’y fusse encore. Maintenant donc, que je voie le roi ; et s’il y a de l’iniquité en moi, qu’il me fasse mourir.
33Joab donc vint vers le roi, et lui rapporta ce au Absçalom avait dit. Et le roi appela Absçalom, qui vint vers lui, et se prosterna le visage en terre, devant le roi ; et le roi baisa Absçalom.