Traduction selon la Vulgate dite Bible de Gustave Doré, édition de 1866, libre de droits.
n°21 / L’Ecclésiaste 6 :
Vanité de la vie de l’avare.
1Il y a encore un autre mal que j’ai vu sous le soleil, et qui est même fréquent parmi les hommes :2Un homme à qui Dieu a donné les richesses, l’opulence et l’honneur : il ne manque rien à son âme de tout ce qu’il désire ; et Dieu ne lui a pas accordé le pouvoir de jouir de ces biens, mais un étranger les dévorera. Cela est une vanité et une grande misère.3Quand un homme aurait eu cent enfants, qu’il aurait vécu beaucoup d’années, et qu’il serait fort avancé en âge ; si son âme n’use point des biens qu’il possède, et qu’il soit même privé de la sépulture, je ne crains pas d’avancer de cet homme, qu’un avorton vaut mieux que lui.4Car c’est en vain qu’il est venu au monde ; il s’en retournera dans les ténèbres, et son nom sera effacé par l’oubli.5Il n’a point vu le soleil, et n’a point connu la différence du bien et du mal.6Quand il aurait vécu deux mille ans, s’il n’a pas joui des biens, tout ne se hâte-t-il pas vers le même lieu ?7Tout le travail de l’homme est pour sa bouche ; mais son âme n’en sera pas rassasiée.8Qu’a le sage de plus que l’insensé ? Qu’a le pauvre au-dessus de lui, sinon qu’il va là où est la vie ?9Il vaut mieux voir ce que l’on désire, que de souhaiter ce que l’on ignore ; mais cela même est une vanité et une présomption d’esprit.10Celui qui doit être est déjà connu par son nom ; on sait qu’il est homme, et qu’il ne peut pas disputer en jugement contre un plus puissant que lui.11On discourt beaucoup, on se répand en beaucoup de paroles dans la dispute, et ce n’est que vanité.