Traduction selon la Vulgate dite Bible de Gustave Doré, édition de 1866, libre de droits.
n°10 / Les Rois Livre II 16 :
Siba, serviteur de Miphiboseth, calomnie son maître. Insolence de Séméi, et patience admirable de David. Conseil d’Achitophel. Crime monstrueux d’Absalon.
1Lorsque David eut dépassé un peu le sommet de la montagne, Siba, serviteur de Miphiboseth, vint à sa rencontre avec deux ânes chargés de deux cents pains, de cent paquets de raisins secs, de cent cabas de figues, et d’une outre de vin.2Le roi lui dit : Que signifie cela ? Siba lui répondit : Les ânes sont pour être montés par les officiers de la maison du roi, les pains et les figues pour nourrir vos serviteurs, et le vin, afin que, si quelqu’un tombe de défaillance dans le désert, il en boive.3Le roi lui dit : Où est le fils de votre maître ? Siba répondit au roi : Il est resté à Jérusalem, en disant : Aujourd’hui la maison d’Israël me rendra le royaume de mon père.4Le roi dit à Siba : Je vous donne tout ce qui était à Miphiboseth. Siba lui répondit : Ce que je souhaite, ô roi mon seigneur, c’est de trouver grâce devant vous.5Le roi David vint donc jusqu’à Bahurim, et voici qu’il en sortit un homme de la maison de Saül, nommé Séméi, fils de Gèra, qui, s’avançant dans son chemin, maudissait David,6Et il jetait des pierres contre lui et contre tous les serviteurs du roi, pendant que tout le peuple et tous les hommes de guerre marchaient à droite et à gauche à ses côtés.7Et Séméi maudissait le roi en ces termes : Sors, sors, homme de sang, homme de Bélial.8Le Seigneur a fait retomber sur toi tout le sang de la maison de Saül, parce que tu as usurpé le royaume pour te mettre à sa place. Et maintenant le Seigneur fait passer le royaume entre les mains d’Absalon, ton fils ; et te voici accablé des maux que tu as faits, parce que tu es un homme de sang.9Abisaï, fils de Sarvia, dit au roi : Faut-il que ce chien mort maudisse le roi mon seigneur ? J’irai, et je lui couperai la tête.10Le roi dit à Abisaï : Qu’y a-t-il entre vous et moi, enfants de Sarvia ? Laissez-le faire ; car le Seigneur lui a ordonné de maudire David, et qui osera lui demander pourquoi il l’a fait ?11Le roi dit encore à Abisaï et à tous ses serviteurs : Vous voyez que mon fils, qui est né de moi, cherche à m’ôter la vie ; à plus forte raison un fils de Jemini me traitera-t-il de la sorte ? Laissez-le me maudire, selon l’ordre du Seigneur ;12Et peut-être que le Seigneur regardera mon affliction, et qu’il me fera quelque bien pour ces malédictions que je reçois aujourd’hui.13David continuait donc son chemin, accompagné des siens, et Séméi le suivait, marchant du même côté sur le penchant de la montagne, le maudissant, lançant des pierres contre lui, et faisant voler la poussière en l’air.14Le roi arriva enfin à Bahurim, et avec lui tout le peuple, accablé de fatigue, et ils prirent là un peu de repos.15Cependant Absalon entra à Jérusalem, suivi de tous ceux de son parti, et accompagné d’Achitophel.16Chusaï, d’Arach, ami de David, vint le trouver, et lui dit : Je vous salue, ô roi ! je vous salue, ô roi !17Absalon lui répondit : Est-ce donc là votre reconnaissance envers votre ami ? Pourquoi n’êtes-vous pas allé avec votre ami ?18Dieu m’en garde, dit Chusaï ; car je serai à celui qui a été élu par le Seigneur, par tout ce peuple, et par tout Israël, et je demeurerai avec lui.19Et de plus, qui est celui que je viens servir ? N’est-ce pas le fils du roi ? Comme j’ai obéi à votre père, ainsi je vous obéirai.20Absalon dit alors à Achitophel : Délibérez ensemble sur ce que nous devons faire.21Achitophel dit à Absalon : Entrez chez les épouses de second rang que votre père a laissées pour garder son palais, afin que lorsque tout Israël saura que vous avez déshonoré votre père, ils s’attachent plus fortement à votre parti.22Ils dressèrent donc une tente pour Absalon sur la terrasse du palais, et il entra chez les épouses de son père en présence de tout Israël.23Or les conseils que donnait Achitophel en ces jours-là étaient regardés comme des oracles de Dieu même ; tous les conseils d’Achitophel étaient ainsi considérés, soit lorsqu’il était avec David, soit lorsqu’il était avec Absalon.