Traduction selon la Vulgate dite Bible de Gustave Doré, édition de 1866, libre de droits.
n°18 / Le livre de Job 14 :
Job décrit la brièveté de la vie de l’homme et les misères dont elle est remplie.
1L’homme, né de la femme, a peu de temps à vivre, et il est rempli de beaucoup de misères.2Il s’élève comme la fleur, et il est foulé aux pieds ; il fuit comme l’ombre, et il ne demeure jamais dans le même état :3Et vous jugez digne de vous d’ouvrir les yeux sur lui et de le faire entrer avec vous en jugement !4Qui peut rendre pur celui qui a été conçu d’une source impure ? N’est-ce pas vous seul ?5Les jours de l’homme sont courts ; le nombre de ses mois est entre vos mains ; vous avez assigné à sa vie des bornes qu’il ne peut passer.6Retirez-vous un peu de lui, afin qu’il ait quelque relâche, jusqu’à ce que son jour vienne comme le jour désiré du mercenaire.7Un arbre n’est point sans espérance : quand on l’a coupé, il reverdit, et ses branches poussent de nouveaux rejetons.8Quand sa racine aurait vieilli dans la terre, quand son tronc desséché serait mort dans la poussière,9Il germera dès qu’il aura senti l’eau, et il se couvrira de rameaux comme au jour où il a été planté.10Mais quand l’homme est mort, qu’il est dépouillé et consumé, alors, je vous prie, que devient-il ?11De même que les eaux se retirent de la mer, et qu’un fleuve tarit et se dessèche,12Ainsi, quand l’homme est mort, il ne ressuscitera point ; jusqu’à ce que les eaux soient détruites, il ne se réveillera point, et il ne sortira point de son sommeil.13Qui me donnera que vous me mettiez à couvert dans le séjour des morts, et que vous m’y cachiez, jusqu’à ce que votre fureur soit passée, et que vous me marquiez un temps où vous vous souviendrez de moi ?14L’homme, une fois mort, pensez-vous qu’il revive ? Dans cette guerre où je me trouve maintenant, j’attends tous les jours que mon changement arrive.15Vous m’appellerez, et je vous répondrai ; vous tendrez votre droite à l’ouvrage de vos mains.16Je sais que vous avez compté tous mes pas ; mais pardonnez-moi mes péchés.17Vous avez mis mes offenses en réserve comme dans un sac scellé ; mais vous avez guéri mon iniquité.18La montagne se détruit en s’éboulant ; le rocher est arraché du lieu où il s’est formé ;19Les eaux creusent la pierre, et le flot qui bat le rivage le consume peu à peu ; c’est ainsi que vous détruirez l’homme.20Vous l’avez affermi pour un peu de temps, afin qu’il disparût pour toujours ; vous changerez son visage, et vous l’enverrez hors de ce monde.21Que ses enfants soient dans la gloire ou qu’ils soient dans l’ignominie, il ne le saura pas.22Mais pendant qu’il vivra, sa chair sera dans la douleur, et son âme pleurera sur elle-même.